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Notre numéro du Printemps

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Trois rendez-vous chez Sotheby’s

Fang Gabon Helene Leloup Sothebys

CI-DESSUS : Tête de reliquaire. Fang ; Gabon.
Bois. H. : 45,5 cm.
Ex-Helena Rubinstein, Princesse Gourielli (1870-1965), New York, Paris et Londres ; Parke Bernet Galleries, The Helena Rubinstein Collection, New York, 21 avril 1966 : n° 215 ; collection Hélène et Philippe Leloup, Paris.
Proposée par Sotheby’s Paris, 21 juin 2023.
Estimation sur demande.


PARIS—L’ambiance promet d’être fébrile chez Sotheby’s Paris à la veille de la période estivale et nous invitons nos lecteurs à suivre de très près les nombreuses activités qui s’y dérouleront. Nous faisons bien entendu allusion aux trois ventes — et non des moindres ! — qui auront lieu entre juin et juillet.

La première est annoncée pour le 5 juin et concernera la dispersion de plus de quarante lots de la collection Lequesne. Constituée par Michel Lequesne, médecin et esthète éclairé, avec le concours complice de son épouse Natasha, cette collection est, à l’instar de la vente, composée de deux ensembles. Si l’un réunit des toiles d’artistes contemporains de la dimension de Poliakoff, Dubuffet, Riopelle ou encore Vieira da Silva, pour ne donner que quelques noms, et témoigne du goût d’une époque, le deuxième pan de la collection est constitué de pièces d’art d’Afrique et d’Océanie et affiche une sensibilité pour le rendu synthétique du corps et la richesse des solutions plastiques de ces sculptures de l’Ailleurs, pourtant si proches formellement du langage de la modernité occidentale. Parmi les presque vingt pièces issues de cet ensemble présentées le 5 juin, soulignons une touchante statue bioma de Papouasie-Nouvelle-Guinée, une grande statue du Cameroun témoignant de l’œil audacieux des Lequesne et, surtout, une très belle figure masculine bamana (Mali) se rattachant aux cérémonies du Jo et du Gwan, affublée du caractéristique casque réservé aux chasseurs et aux sorciers et tenant de ses deux mains une cloche contre sa poitrine.

Le deuxième événement, programmé pour le 21 juin, est appelé à faire date. Au terme d’une tournée internationale des lots phares, et d’une présentation au public parisien dans les locaux de Sotheby’s du 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré du 16 au 20 juin, la maison accueillera le premier volet des deux ventes qu’elle consacrera à la collection personnelle d’Hélène Leloup, marchande, experte, chercheuse et femme de terrain — le tout dans un monde d’hommes ! —dont le nom est intimement lié à la promotion des arts d’Afrique et d’Océanie, et tout particulièrement à celui du pays Dogon du Mali, qu’elle a sillonné à maintes reprises et qu’elle a contribué à mettre à l’honneur à travers plusieurs expositions et publications de référence. S’érigeant en véritable pionnière, telle que le revendique le titre de ce volume 1 — Collection Hélène Leloup, Journal d’une pionnière — Hélène Leloup est synonyme d’œuvres de qualité, de regard juste et de rigueur autant que d’indépendance dans le jugement. Après un premier voyage en Afrique en 1952, à peine âgée de vingt-cinq ans, elle ouvre une première galerie à Paris avec son premier époux, Philippe Kamer, avant de traverser l’Atlantique et d’inaugurer une galerie à New York au début des années 1960 puis, une troisième à Palm Beach en 1967. Mue par une passion sans bornes pour les arts et par un tempérament fougueux, Hélène Leloup sut comme peu de personnes s’attirer, tout au long de sa carrière, la confiance des principaux antiquaires, collectionneurs, conservateurs de musées de son temps, participant à la constitution de collections clés (Rockfeller, Tishman, musée du quai Branly - Jacques Chirac, etc.) et à l’organisation d’événements marquants tels que Ancêtres m’bembe en 1974 à New York, pour ne citer qu’un exemple, et devenant ainsi la figure incontournable du monde des arts d’Afrique et d’Océanie qu’elle incarne encore aujourd’hui, à quatre-vingt-seize ans. De la même façon qu’il est impossible de résumer la trajectoire d’Hélène Leloup en quelques lignes, sa ­collection personnelle est difficile à appréhender tant elle est importante. On comprend dès lors que Sotheby’s ait fait le choix de la présenter aux amateurs en deux fois, l’une en juin à Paris, et l’autre à New York, début 2024. Composée d’une soixantaine de lots, la vacation estivale inclura des œuvres d’art moderne et contemporain de Francis Bacon et Louise Bourgeois et, surtout, témoignera des zones de prédilection d’Hélène Leloup en matière d’arts d’Afrique. Parmi les pièces qui ne manqueront pas de faire rêver les collectionneurs les plus exigeants, se trouvent des terres cuites du Mali, des statues dogon représentatives de plusieurs styles et, clou de la vente, l’emblématique tête fang de la collection Helena ­Rubinstein que les amateurs ont pu voir pour la dernière fois lors de l’exposition organisée par le musée du quai Branly - Jacques Chirac en 2019 sur cette autre « Hélène », pionnière également dans la promotion de la beauté avec l’empire de cosmétiques de luxe portant son nom.

Enfin, le 11 juillet une vente en ligne mettra à l’honneur la fascination de Marc de Monbrison — galeriste, collectionneur mais surtout grand passionné des mers du Sud tristement disparu trop jeune, en 1985 — pour les arts d’Océanie. Composée de près de soixante lots, la sélection d’œuvres qui sera présentée est associée aux grandes provenances liées au continent insulaire, tels Hooper, Bela Hein et Kerchache, sans oublier de mentionner Breton. Parmi les lots phares, Sotheby’s annonce la présence d’un imposant collier d’Hawaï, une massue u’u des Fidji ayant figuré dans l’exposition Vision d’Océanie au musée Dapper en 1992, tout comme une massue ua de l’île de Pâques acquise par James Hooper en 1930 auprès d’un musée anglais.



Collection Michel Lequesne
5 juin 2023


Collection Hélène Leloup. Le journal d’une pionnière – Volume 1
21 juin 2023


Provenances
11 juillet 2023
Sotheby's, Paris

Djennenké Mali. Helene Leloup Sothebys

CI-DESSUS : Statue. Djennenké ; Mali.
Bois. H. : 41,5 cm.
Collection Hélène Leloup, Paris.
Proposée par Sotheby’s Paris, 21 juin 2023.
Est. 250 000 – 350 000 euros.


Club, gugu. Fiji Islands. Marc de Monbrison Sothebys, ParisCI-DESSUS : Massue gugu. Îles Fidji.
Bois. L. :  111 cm.
Collection Marc de Monbrison.
Proposée par Sotheby’s Paris, 11 juillet 2023, vente en ligne.
Est. 35 000 – 45 000 euros.


Ceremonial staff, ua. Easter Island. Marc de Monbrison, Sotheby's Paris

CI-DESSOUS : Bâton cérémoniel ua. Île de Pâques.
Bois.
Ex-Butler Museum, Harrow, 1904 ; James Hooper, acquis au précédent en 1930 ; collection Marc de Monbrison.
Proposé par Sotheby’s Paris, 11 juillet 2023, vente en ligne.
Est. 25 000 – 35 000 euros.





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